Auteur/autrice : refeco

  • La dotation touristique passe de 45.000 à 100.000 DH par an: les raisons derrière cet assouplissement sans précédent. Intervention de l’économiste Yasser Tamsamani le 04/01/2022.

    La dotation touristique passe de 45.000 à 100.000 DH par an: les raisons derrière cet assouplissement sans précédent, Yasser Tamsamani, le 04/01/2022.

  • Appel à contributions – Numéro 3 – « Pauvreté et inégalités en questions : dynamique et interaction avec les politiques publiques »

    RéfÉco – Appel à contributions – Numéro 3 « Pauvreté et inégalités en questions : dynamique et interaction avec les politiques publiques »

    Date limite de soumission des articles (délai de soumission prolongé) Vendredi 18 Novembre 2022

    MOTIVATION

    La pauvreté est un phénomène complexe à manifestations diverses. Si dans les pays avancés on trouve encore des poches de pauvreté non négligeables (aux Etats-Unis par exemple, on observe qu’en 2019, 10,5 % de la population, soit 34 millions de personnes, vivait sous le seuil de pauvreté[1]), elle constitue l’un des problèmes majeurs pour les économies à faible et moyen revenus au sein desquels les personnes en situation de pauvreté et de vulnérabilité  sont en proportion plus nombreuses et sont exposées à de nombreux risques qui affectent leur bien-être ainsi que leurs accès aux services de base.

    La pauvreté est multidimensionnelle et va au-delà de l’aspect monétaire (Alkire, 2011; Ravallion, 2010 ; Sen, 1992 ; Thorbecke, 2008). Outre les questions de revenu, la pauvreté et les inégalités concernent l’accès à la santé, à l’éducation, au logement décent ou encore à l’emploi. 

    De par ses conséquences, ses formes et ses dimensions sociales, la pauvreté s’est donc imposée à l’attention de la communauté internationale des décideurs et des chercheurs. C’est dans ce cadre que les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) des Nations unies avaient ciblé la diminution de moitié du taux mondial de pauvreté entre 2000 et 2015. Le bilan des OMD laisse cependant apparaître des résultats mitigés. Bien que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue ait diminué partout dans le monde et que des progrès significatifs aient été accomplis dans d’autres domaines, il n’en reste pas moins que la pauvreté extrême persiste et que l’appréhension des progrès à des niveaux agrégés cache des disparités inter et intra-pays.

    Consciente de cet état de fait, la communauté internationale a conclu en 2015 un nouvel accord englobant 17 Objectifs du Développement Durable (ODD) à réaliser d’ici à l’horizon 2030.  Mettre fin à l’extrême pauvreté et réduire les inégalités sociales, de genre et territoriales font partie de ces principaux objectifs[2].

    Il apparaît cependant que l’atteinte des ODD pourrait être fortement compromise du fait de la pandémie du Covid-19 qui a frappé l’humanité depuis la fin de l’année 2019. Des études menées par différents organismes internationaux montrent que la pauvreté et les inégalités se sont aggravées depuis le début de cette crise sanitaire.

    La Banque Mondiale (2020)[3] prévoyait qu’entre 88 et 115 millions de personnes supplémentaires basculeraient dans l’extrême pauvreté à la fin de l’année 2020, suite aux effets de la crise sanitaire. Cela signifie qu’entre 703 et 729 millions individus vivraient dorénavant avec moins de 1,90 dollar par jour. Le taux de l’extrême pauvreté se situant entre 9,1% et 9,4 %, retrouverait ainsi le niveau de 2017. Selon les prévisions, la situation devait continuer à se dégrader en 2021, avec 23 à 35 millions de pauvres supplémentaires et le nombre total de nouveaux pauvres se situerait entre 110 à 150 millions.

    La prospérité partagée, mesurée par le taux de croissance du revenu des 40 % des plus pauvres, aurait enregistré une baisse du fait de ces conditions de fragilisation. Une telle situation pourrait déclencher un cycle d’appauvrissement alimenté par la hausse des inégalités de revenu, la baisse de la mobilité sociale au sein de la population vulnérable et le déclin de la capacité d’adaptation à d’éventuels chocs futurs.   

    Dans les pays à faible revenu, l’effet de la crise sanitaire s’est fait sentir par la détérioration du niveau de vie des ménages, la perte d’emploi, l’accentuation des inégalités sociales, de genre et territoriales.

    A titre d’exemple, au Maroc, les données des enquêtes menées par le Haut-Commissariat au Plan sur l’impact de la crise sanitaire montrent que la pauvreté a été multipliée par 7 (passée de 1,7% avant cette crise / 2019 à 11,7% durant le confinement / Juin 2020).

    Le collectif de chercheurs RéfÉco (Aazi et al., « Crise sanitaire et répercussions économiques et social au Maroc : évaluations et analyse d’un collectif de chercheurs », Rapport RéfÉco, n° 02/2020) a montré que les effets sont différenciés selon les strates de la société et les milieux de résidence. Le rapport de ONU-FEMMES (https://morocco.unwomen.org/fr/ressources-medias/publications/2021/02/hcp-impact-covid-19-menages) a mis en exergue la différence d’intensité des méfaits de la crise également selon le genre. Les champs couverts par ces analyses concernent aussi l’éducation et la santé.

    L’objet de ce numéro de la revue Réflexions Économiques est de réunir des articles qui analysent la dynamique de la pauvreté et des inégalités au Maroc mais aussi dans d’autres pays à faible et moyen revenus, notamment d’Afrique. Les analyses auxquelles sont conviés les auteurs peuvent avoir un caractère théorique et/ou empirique. L’objectif est de parvenir à des articles bien argumentés, ayant des implications de politique publique claires, dans le sens où l’esprit de la revue consiste à nourrir le débat public et in fine de servir à l’éclairage de la décision publique.

    Les auteurs sont invités à proposer des articles originaux ou des articles sous forme de note de lecture synthétisant des rapports ou des contributions originales. Conformément à la ligne éditoriale de la revue, ce numéro vise un lectorat aussi large que possible.

    [1] Le 15 Septembre 2020, le « United States Census Bureau » notait que « C’est le taux le plus bas observé depuis les premières publications en 1959 (où il était de 22,4 %)». En 2014 ce taux s’élevait encore à 14,8 %). Il faut y ajouter l’importance des inégalités (chez les Afro-Américains, la fréquence atteignait 55 %).

    [2] https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/

    [3] Rapport 2020 sur « la pauvreté et la prospérité partagée : Questions fréquentes ».

    De ce fait, les articles à soumettre devront tenter de :

    1. Minimiser les aspects trop techniques ; quand ils paraissent indispensables, les mettre en encadré avec un développement du texte qui permette aux non-initiés de les omettre ;
    2. Développer un argumentaire bien fondé et articulé ;
    3. Proposer des recommandations opérationnelles au niveau des politiques publiques en matière de réductions des inégalités. Une attention particulière sera portée aux expériences internationales des questions traitées, dans une optique de comparaison aussi bien pour les diagnostics que pour les stratégies et leurs performances. Une douzaine d’articles de dix à quinze pages chacun seront retenus pour ce numéro.

    AXES

    Les réflexions et analyses développées dans les articles devront idéalement avoir une dimension « appliquée » bien que basées sur des théories avérées. Elles pourront porter sur différents aspects tels que :

    • Les approches pour la mesure de la pauvreté et des inégalités.
    • Les déterminants socioéconomiques de la pauvreté.
    • Les déterminants socioéconomiques des inégalités.
    • Les différentes manifestations de la pauvreté. Par exemple, se manifeste-t-elle de façon différente selon les périodes et les champs des études (pays, régions) ?
    • La question de la croissance non inclusive pourra être abordée avec des études de cas.
    • Des comparaisons internationales pourront être faites (par exemple comparer l’Italie des années 50 – 60 avec la situation actuelle de certains pays à faible revenu) pour tirer des leçons sur les conditions d’une prospérité partagée.
    • L’impact socioéconomique de la pandémie du Covid-19 sur la pauvreté et les inégalités ainsi que l’analyse des canaux de transmission.
    • Le lien entre mondialisation, ouverture commerciale et inégalités y compris les effets sur les rémunérations différenciées des facteurs capital et travail.
    • Le lien entre la transformation structurelle, la rémunération des facteurs et la répartition des richesses.
    • Les interactions croissance-pauvreté-inégalités.
    • Les interactions qui existent entre l’emploi, la croissance et la pauvreté selon les pays ou les périodes.
    • Les dimensions sociales et territoriales des inégalités, l’appréhension des divergences et les conditions de convergence des niveaux de développement des régions.
    • L’impact des programmes sociaux sur la pauvreté et les inégalités.
    • Les canaux de transmissions qui expliquent l’impact des transferts des travailleurs non-résidents sur la pauvreté et les inégalités.
    • Le ciblage des politiques publiques en matière de réduction de la pauvreté et/ou des inégalités.

    Cette liste n’est pas limitative.

    ÉDITEURS ET PROCESSUS D’ÉVALUATION

    Les éditeurs en charge de ce numéro sont :

    • Abdeljaouad Ezzrari, économiste de développement et chercheur associé au Lasaare, ezzrari@yahoo.fr
    • Linguère Mously Mbaye, chargée principale de la fragilité et de la résilience au Bureau de coordination des Etats en transition de la Banque Africaine de Développement, linguere.mbaye@gmail.com
    • Fouzi Mourji, professeur à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Aïn Chock – l’Université Hassan II – Casablanca. Directeur du Lasaare, fmourji@gmail.com

    Les articles soumis feront l’objet d’une évaluation par deux rapporteurs dans l’anonymat.
    La décision du comité de rédaction sera fondée sur les appréciations de ces rapporteurs.

    SOUMISSION DES ARTICLES ET CALENDRIER

    Les articles, sous la forme recommandée par la revue (voir : https://refeco.org/soumettre-un-article/) devront être soumis par voie électronique à Abdeljaouad Ezzrari : ezzrari@yahoo.fr et Hajar El Hirichi : hajar.elherich@gmail.com

    Veuillez mentionner dans « l’objet » des messages que l’article est soumis dans le cadre du numéro 3 de la revue RéfÉco.

    Date limite de soumission des articles : le vendredi 18 Novembre 2022.

  • Numéro 2 : La santé en questions : états sanitaires, accès aux soins et politiques publiques

    Numéro 2 : La santé en questions : états sanitaires, accès aux soins et politiques publiques

    La santé en questions : états sanitaires, accès aux soins et politiques publiques

    N° 02/2022

    Martine Audibert, Safia Fekkaklouhail, Meriem Oudmane

    Mustapha El Alaoui-Faris

    Partie 1 : Politiques publiques de santé : quelle efficacité pour atteindre la couverture sanitaire universelle ?

    Yaya Sidibe, Martine Audibert

    Meriem Oudmane, Fouzi Mourji

    Abdeljaouad Ezzrari, Fatima Zahra Mouhsini, Omaima Mouttaki, Alexandra Zins

    Fatoumata M. Faye

    Abdeljaouad Ezzrari, Aziz Ragbi, Martine Audibert

    Voahirana T. Andrianantoandro, Martine Audibert, Marilys V. Razakamanana, Aina Harimanana

    Maïmouna Diop Ly, Linguère Mously Mbaye

    Partie 2 : Caractéristiques des individus, comportements à risque, environnement : des facteurs prédominants ?

    Fatima-Zahra Aazi, Meriem Oudmane, Zineb Nahmed, Martine Audibert

    Abdellah Nait L Kaid, Abdeljaouad Ezzrari, Safia Fekkaklouhail

    Oumaima Er-reyyahy, Hajar Fanchy, Yasser Y. Tamsamani

  • Annonce de soutenance de la thèse de doctorat préparée par Youssef BOUAZIZI

    Youssef BOUAZIZI
    « Structures productives, développement et répartition : applications macro, méso et microéconomiques »
    Vendredi 18 Mars 2022
    10h00
    Centre Links – Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales Ain Chock, Casablanca

    Résumé de la thèse

    La transformation structurelle est un phénomène bien identifié à la fois par les spécialistes de l’histoire des faits économiques et sociales, notamment parmi ceux ayant étudié l’épisode de la révolution industrielle, et les économistes du développement. Elle est mise au cœur de leur schéma explicatif de la dynamique économique et des transformations majeures, anciennes et présentes, des économies des pays « développés ». En effet, la littérature abonde des travaux sur le lien entre la migration des moyens de production d’une activité à une autre et la croissance économique. Ils sont quasi-unanimes sur les bienfaits de la transformation structurelle et son inéluctabilité pour qu’un pays puisse réussir son développement économique.

    Contribuant aux travaux de recherches portant sur les bienfaits de la transformation structurelle, en l’occurrence sur la dimension sociale (l’égalité des revenus), le premier chapitre de la thèse porte sur le test de la courbe de Kuznets en mettant en exergue les biais qu’elle comporte. L’hypothèse sous-jacente stipule que le changement structurel creuse les inégalités des revenus dans les premières phases de développement. Pour un échantillon de pays de niveaux de développement différents, sur la période 1990-2019, nous exploitons les données macroéconomiques et sociales contenues dans plusieurs bases, notamment celles des World Bank Indicators et World Income Inequality Database. Les résultats nous conduisent à réfuter la thèse de Kuznets sur les effets inégalitaires de la transformation structurelle quand celle-ci est axée sur l’industrie, et ils la confirment quand la transformation est basée sur le secteur des services. Ensuite, en identifiant les mécanismes du marché du travail interne des pays constituant le panel retenu qui, en les croisant avec les parts d’emploi sectorielles, les résultats montrent que l’effet égalitaire de l’industrie est amplifié si les écarts éducatifs et le gap entre hommes et femmes sont réduits.

    Cela met en exergue le rôle du processus de l’industrialisation, outre qu’il stimule la productivité, il améliore l’économie en général et participe à la stabilité sociale. Notons enfin que nos conclusions sont nuancées et stylisées grâce à une série d’estimateurs économétriques, notamment lors de l’application du modèle à effets fixes et la technique GMM-System qui a permis de mieux prendre en compte le problème d’endogénéité.

    Pour approfondir cette analyse dans le cas du Maroc, le deuxième chapitre, basé sur une approche sectorielle, en l’occurrence l’analyse input-output, identifie les secteurs qui, selon plusieurs critères, jouent un rôle prépondérant dans l’économie marocaine.

    Nous mobilisons alors l’approche développée par Hirchman (1958) pour classer les branches d’activité qui ont le plus d’effets d’entrainement sur les branches en amont via leurs consommations intermédiaires (intégrées par les achats) et en aval à travers leurs productions (intégrées par les ventes). Les techniques d’hiérarchisation appliquées, bien qu’inspirées des travaux d’Aujac (1960), sont plus sophistiquées. 

    Nos résultats montrent, sur la base de traitements sur les tableaux d’entrées sorties de 2007 et de 2018, que les branches industrielles qui exercent de forts effets d’entraînements en amont et en aval n’assurent pas une contribution importante dans le produit intérieur brut (8,38% en 2018), ce qui traduit un déséquilibre de la structure productive marocaine. De plus, les branches industrielles qui sont fortement intégrées selon le critère de la production ne sont pas celles qui contribuent le mieux fiscalement et distribuent le plus de salaires (la part des salaires dans la valeur ajoutée est moins élevée).

    Nous sommes alors conduits dans le troisième chapitre à étudier les déterminants du partage des richesses, notamment la part des salaires (ou du travail) dans la valeur ajoutée des entreprises industrielles marocaines.

    Pour ce faire, nous exploitons les données de l’enquête de la banque mondiale sur les entreprises. L’estimation montre que la croissance de la productivité totale des facteurs et l’accroissement de l’intensité capitalistique ont constitué ensemble les plus forts facteurs explicatifs de la diminution de la part du travail. Ce résultat confirme l’idée, avancée dans de nombreuses études, selon laquelle la diffusion des technologies d’information et de communication a permis des avancées sans précédent dans les domaines de l’innovation et de l’invention de nouveaux biens d’équipement et processus de production, ce qui a accru la productivité, mais a aussi favorisé le remplacement des travailleurs par des machines dans certains types d’emploi, notamment ceux caractérisés par des tâches répétitives. Et la valorisation du travail (qualifié) n’a pas compensé la réduction des volumes globaux de l’emploi.

    Il apparaît également, à partir des résultats de nos estimations, que la réduction de la part du travail est inhérente à l’intensification de la concurrence nationale et internationale ainsi qu’au désengagement capitalistique de l’État. Le canal de transmission de l’effet de ces deux facteurs provient de la baisse induite du pouvoir de négociation des salariés. Certaines études montrent qu’en plus de réduire la rente que se partagent employeurs et salariés, l’accroissement de la concurrence limite le pouvoir de négociation des travailleurs, surtout des travailleurs peu qualifiés, et par conséquent la possibilité qu’ils ont pour maintenir leur part dans la richesse produite. Par ailleurs, l’augmentation des flux d’importations favorise la substitution du capital (souvent consistant en IDE) au travail (celui entre des travailleurs nationaux) contrairement aux exportations, tandis que les investissements directs de l’étranger n’ont aucun impact significatif sur la politique salariale des entreprises.

    En guise de conclusion nous soulevons la question du rôle des décideurs publics face au recul de la part de la rémunération du travail et des possibles modalités d’intervention.